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Pourquoi depuis des années je ne jette plus aucune photo ?!

  • Photo du rédacteur: Lo Kee
    Lo Kee
  • 31 juil.
  • 3 min de lecture

Je sais, ça peut sembler complètement fou : ne rien jeter, ne rien effacer, ne rien éliminer surtout quand on produit des milliers d’images par an, parfois en l’espace de quelques jours. Dans mon cas, une seule photo pèse facilement 50 Mo. Une simple sortie photo peut représenter 2 ou 3 Go, un voyage complet grimpe vite à 15 ou 20 Go… Alors oui, cela représente un poids, au sens propre comme au figuré : des disques durs qui s’accumulent, des sauvegardes redondantes, du RAID, du NAS… tout le jargon technique qui fait peur.


Alors pourquoi je m’inflige cela ?


Au début, je triais mes images avec beaucoup de rigueur. Tout ce qui me semblait "raté" ou simplement "pas assez bien" finissait à la poubelle : un flou un peu trop marqué, un cadrage un peu bancal, je ne gardais rien.


Street photographie à Paris
Typiquement le genre de photo que j’aurais jetée, alors qu’elle mérite mieux que la corbeille. D’autant plus que, depuis 2015, le café visible en arrière-plan a disparu et que les inscriptions sur les balcons ont été retirées

En réalité, je ne saurais plus dire précisément quand j’ai arrêté de jeter mes photos.

Ce que je sais, c’est que dans le logiciel que j’utilise pour développer mes images, il y a un système d’étoiles : 5 étoiles pour une photo géniale, 0 étoile pour une photo inutile. J’ai toujours pris soin de noter chacune d’elles pour pouvoir les retrouver facilement.


Le problème, c’est qu’avec le temps, on ne regarde finalement que les meilleures, et les autres tombent peu à peu dans l’oubli.


Je me souviens qu’un jour, en parcourant mes archives des premières années, j’ai réalisé que parmi les photos que je considérais alors comme les moins bonnes (et que je ne regardais plus) se cachaient en fait des images vraiment intéressantes.


Évidemment, vous vous doutez bien pourquoi : c’est parce qu’on change. Notre regard, notre sensibilité évoluent avec le temps.


Un filé de voiture
Une photo que j’ai, un jour, jugé intéressante. Aujourd’hui, je cherche encore ce qui m’avait frappé.

À l’époque, je triais sincèrement mes photos selon ce que je considérais comme réussi ou raté, mais ce "bien" et ce "mal" reposaient uniquement sur mon goût du moment.


Aujourd’hui, ma notion de ces termes a évolué.


Il m’est souvent arrivé de constater que les images que je trouvais les plus intéressantes à l’époque ont fini par perdre leur force, tandis que celles que j’avais mises de côté avaient finalement beaucoup plus à raconter.


C’est à ce moment-là que j’ai commencé à repenser à toutes ces centaines de clichés que j’avais jetés à la poubelle à l’époque, des images qui auraient sûrement aujourd’hui une vraie valeur.


D’ailleurs, en début d’année, lors d’une de mes expositions, un jeune photographe est venu me demander des conseils pour débuter. Le conseil qui l’a le plus surpris et qui, j’en suis sûr, lui sera bien plus utile qu’un simple conseil technique, a été de ne surtout rien jeter. Il s’agit en tout cas d’un conseil que j’aurais souhaité recevoir à mes débuts.


Des oiseaux au-dessus de l'ancienne gare Austerlitz
Une autre photo sortie de l'antichambre de l'oubli

Pour aller un peu plus loin, je pense à un photographe d’Europe de l’Est, dont le nom m’échappe malheureusement, qui expliquait qu’au retour de ses voyages, il ne regardait jamais immédiatement ses nouvelles images. À la place, il se replongeait dans les photos de son voyage précédent. Il avait ainsi toujours un voyage de retard, ce qui lui permettait de prendre de la distance, à la fois physique et émotionnelle, avec son travail le plus récent.

En extrapolant, cela suggère que ce serait peut-être une bonne idée de ne pas développer ses photos tout de suite après les avoir prises, mais d’attendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Ce délai pourrait aider à retrouver une certaine neutralité et un regard plus frais.


Qui se sent prêt à relever le défi ?


Bref, le mot de la fin : gardez tout, ne jetez rien, y compris les « ratés », les « brouillons », les accidents. Offrez-leur la chance de vivre plus longtemps que votre premier jugement à leur sujet. Ils racontent une autre histoire que celle que vous pensez écrire à l’instant T. Et rappelez-vous que ce qui semble anodin aujourd’hui peut devenir précieux demain.



 
 
 

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